Ma Gravel Tro Breizh 2018 : 1050 km de gravel autour de la Bretagne

Introduction

Après une première expérience de bikepacking sur la French Divide l’année dernière, l’envie de retourner sur les sentiers s’est fait plus qu’attendre !

Dès l’annonce de ce tour de Bretagne en gGravel, je me suis rué sur l’inscription (dossard 1 😉 )!

Il ne restait plus qu’à s’entraîner durant l’hiver…

“Rouler, aimer, avoir froid”

C'est quoi la Gravel Tro Breizh ?

Reprenons les mots de Frédéric : ce n’est pas une course mais un brevet de cyclisme d’ultra longue distance. Environ 1050 km et plus de 12 000 m de D+ autour de la Bretagne L’objectif est de rallier en 8 jours, un tour de Bretagne au départ de Rennes. Le parcours est jalonné par de nombreux checkpoint (CP) que l’on doit pointer chez un commerçant ou par selfie.

L’organisation annonce 50/50 chemin/route. On passe à 70/30 si l’on inclus les voies vertes ou chemins de halage. Le parcours s’annonce plutôt roulant avec des passages techniques (gravel +++) plus ou moins sec.

Chaque participant possède un tracker GPS qui permet à l’organisation et à vos proches de suivre en direct votre progression tout au long de l’aventure.

Plus d’infos –> http://graveltrobreizh.fr/

Quelques liens :

Le site offciel :http://graveltrobreizh.fr/

Le tracker 2018 : https://sw3.solustop.com/carto-graveltrobreizh

La page FaceBook : https://www.facebook.com/graveltrobreizh/?ref=br_rs

Le site des gapettes 😉 : http://veracycling.fr/

Quelques chiffres...

1 050 km, 12 000 m de D+, 4 départements traversés, 11 kg de vélo, 12 kg de chargement, 1 crevaison, 0 chutes, 4 jours / 5 en solitaire totale,1 galette saucisse et 2 supers galettes, 5 Kouign Aman, 6 diabolos fraise / Orangina, 3 litres de bière, 1 restaurant, 5 bivouacs, 0 nuit en hôtel.

Gravel Tro Breizh terminé en 5 jours et 5 h.

La machine

Le choix de la machine avait été un vaste sujet avant la French Divide. A la fin de la French, j’ai voulu changer tout de suite de monture, quelque chose de plus léger, plus réactif etc.

J’ai donc revendu mon Croix de fer à Etienne (qui repart avec sur la French Divide N°3) pour un Sobre Versatile. Max a encore été de bons conseils pour le montage de la “Fusée”. Encore merci pour ces longues discussions mécaniques !

Donc voici le descriptif de la Fusée :

  • Cadre acier Sobre Versatile
  • Fourche Carbone BMC
  • Roues American Classic 29 pouces
  • Pneus WTB Nano flancs beiges tubeless
  • Cintre Comp Venturemax 42 avec pad en gel et guidoline Lizardskin
  • Selle Brooks B17 Standard
  • Plateaux double rotor oval 26-36
  • Dérailleur avant Shimano XT
  • Dérailleur arrière SRAM GX
  • Cocottes Sram RED 2×10
  • Cassette Shimano 10v 11-36

Sur le choix de la transmission, il est important d’avoir un ratio minimum inférieur à 1 et même à 0,80. Personnellement, je suis à 0,72. Les abandons ou les blessures sont souvent liées à un ratio trop élevé. Il est important de pouvoir tourner les jambes, de ne pas forcer, de ne pas être dans le rouge.

Il faut rouler “tranquille” mais longtemps. Pas besoin de tenir une moyenne de fou pour finir dans les temps !

“Il faut rouler tranquille mais longtemps”

La Fusée

Le Reste du Matériel

Venant du trek et de l’itinérance, j’avais déjà du bon matériel mais pas forcément adapté au bikepacking. Mais je me connais, il me faut un minimum de confort. En trek, la règle c’est de dormir au chaud et au sec. Je pars donc avec

  • Tente ultralight MSR Hubba Hubba NX
  • Matelas Thermarest Prolite Plus
  • Duvet Sea To Summit, 5°C confort,

L’ensemble fait déjà 4 kg mais bon j’ai dormi nickel et au sec pendant tout le trajet.

Pour la bagagerie :

  • Sacoches de Selle Apidura 18 litres
  • Sacoche de cadre Blackburn L (très bon rapport qualité prix)
  • Sacoche de cintre FairWeather
  • Une petite sacoche de cadre Btwin.
  • Un seul porte-gourde, j’ai fait le choix du Camel bag.

Navigation et autonomie électronique

Ayant déjà un Garmin Dakato 20 et sachant que je tiens 3 semaines avec quelques jeux de piles, je pars avec 10 piles rechargeables et le chargeur. Je prends également une batterie de 20 000 mah pour le portable qui a déjà une bonne autonomie (CrossCall Trekker M1 Core)

Pour la lumière, je prends juste de quoi me signaler et une frontale. Je ne comptais pas rouler de nuit.

Nourriture

J’en prends moins que pour la French divide, mais je prends tout de même 3 lyophilisés et quelques crèmes au chocolat pour le petit déjeuner. Je prends également du thé pour me réchauffer le matin

Vêtements

  • 2 cuissards
  • 2 Jersey courts respirant
  • 1 T-shirt respirant
  • 1 T-shirt mérinos manche longue pour la nuit
  • 1 collant long pour la nuit
  • 1 coupe-vent imperméable
  • 1 jersey Epais et chaud
  • 2 paires de chaussette
  • Chaussure Shimano MT34
  • Mitaines et gants polaires
  • 1 buff et la casquette Gravel Tro Breizh

Divers

  • une pharmacie succinte
  • Leatherman
  • Smartphone
  • Bombe au poivre pour les chiens agressifs

Matériel de réparation

  • une chambre à air
  • attaches rapides
  • Multi outils
  • Pompe
  • Dérive chaine
  • un jeu de plaquette de frein
  • un câble
  • Rustines
  • Huile

Le Récit

Le Briefing

Samedi 5 mai, nous sommes conviés à la salle d’escalade Modjo de Rennes pour le Briefing de cette 1ère édition de la Gravel Tro Breizh. Tout le monde est là, on attend l’organisateur, Frédéric, avec une bonne bière locale.

Frédéric nous décrit le parcours dans ses moindres détails, on sent la passion et les longues journées de reconnaissance. A l’inverse du briefing de la French, il est plutôt rassurant et on retient que la trace sera roulante!

«  On retient que la trace sera roulante !»

On déguste ensuite un buffet froid délicieux accompagné de bières puis retour au camping des Gayeulles avec mes acolytes nordistes : Rémi et Clément, avec qui nous sommes descendus de Dunkerque.

22h, nous sommes au “lit”, hâte d’en découdre avec les sentiers Bretons.

Jour 1 : Vers le nord

8h, nous voici sur la ligne de départ. 70 bikepackeurs sur leurs destriers constitués en majorité de Gravel. Nous partons du camping des Gayeulles situés au nord de Rennes à travers un petit bois et déjà au bout de 300 m, le peloton parti comme une fusée se scinde en deux. Erreur de trace ? J’aperçois Clément sur ma droite enclencher ces shifters, afin de doubler tout le monde. Rémi est déjà devant. Je les reverrai que dans 5 jours.

Tout le monde part vite, trop vite peut être. Moi-même, j’appuie un peu mais sait qu’il ne faut pas trop forcer. L’année dernière sur la French Divide, j’avais eu mal au genou le soir de la 1ère étape. Le corps n’est pas habitué à tracter une machine de 20 kg!

Je roule donc à mon allure discutant çà et là avec les autres participants jusqu’à ce que nous arrivions sur la voie verte qui longe la Rance. C’est parti pour 75 km de chemin de halage jusqu’à Dinan, section que j’avais déjà réalisé par le passé. La voie verte est magnifique, assez sauvage et peu fréquentée à l’heure où nous l’empruntons. La moyenne est bonne et on file facilement sur ce revêtement, les sensations sont bonnes, content d’être parti à nouveau en itinérance !

Pause-café sur le chemin, je prends mon temps mais je m’éternise pas trop non plus, l’objectif est de faire tout de même une grosse étape, je vise 250km pour cette 1ère journée.

Je me pose sur les marches de l’église, galette de blé noir dans les mains et une femme vient m’apporter de l’eau sans que je ne demande rien à personne… Ah le pouvoir du vélo…

Dinan, est derrière nous et 20km plus tard nous arrivons au CP1 « Les Rues », chez un ami de Frédéric qui nous accueille pour l’occasion. Beaucoup de monde au repos à ce CP mais je ne m’attarde pas et continue mon chemin. Cela me permettra de rester seul un bon moment. En effet, je n’ai pas envie de rouler en groupe, en tout cas pas au début. Nous sommes sur une épreuve en autonomie totale et solitaire. Chacun doit être capable de se gérer et il me semble difficile de tenir ses engagements en roulant systématiquement avec les autres. Rouler seul mais ensemble.

Juste après le CP 1, on attaque un super single bien roulant et ludique ! La fusée se comporte bien et mon expérience du VTT facilité le pilotage à certains endroits.

La faim se fait ressentir et lorsque j’arrive à Ploubalay, je tombe sur une fête locale avec notamment vente de galettes saucisses ! Parfait ! Je croise Luc et Cyrus en train de finir de manger. Je me pose sur les marches de l’église, galette de blé noir dans les mains et une femme vient m’apporter de l’eau sans que je ne demande rien à personne… Ah le pouvoir du vélo…

Je repars rasséréner, sous un soleil de plomb (oui oui !) sur les routes de campagne bretonnes. Depuis que nous avons quitté la Rance, le paysage est plus vallonné et l’on traverse parfois des sentiers impraticables ! Alors que je file sur une voie communale, je croise Cyrus penché sur son GPS. Le dépassant, je m’aperçois que je rate une bifurcation mais Cyrus me rappelle ou plutôt m’informe car j’avais complètement oublié que l’on peut shunter une partie de parcours traversant la forêt de St André, apparemment impraticable. On fait donc le détour et nous roulons ensemble jusqu’à St Brieuc où Cyrus part trouver un moyen de se restaurer. Faisant le choix d’être autonome, ce sera lyophilisé pour moi ce soir. Cela me permettra également de m’isoler car cela roule trop en groupe à mon goût, et surtout je sens que cela veut rouler en groupe. Avant St Brieuc, nous sommes plusieurs à nous arrêter devant la baie du même nom, magnifique paysage de fait de chenaux de marée, de schorre vaseux et de quelques grues blanches sondant la vase.

Le soleil décline et nous entrons dans l’un des meilleurs moments de la journée, j’ai toujours un coup de boost à ce moment-là. Peut-être parce que le paysage est sublimé par ces couleurs rougeoyantes ? Mon chemin m’amène à croiser totofe en train de manger puis après une descente technique fait de cailloux et de boue, je me pose à l’abri des regards au bord d’un ruisseau pour déguster mon colombo de poulet.

J’entends soudain le bruit d’un cycliste dévalant la dite descente et voit Cyrus passer à toute vitesse et repartir. Après un coup de téléphone à ma douce où je me plaignais de la foule sur le parcours, je repars pour terminer cette étape de 250km. Malheureusement, j’ai crevé… Une crevaison lente alors je regonfle au lieu de changer la chambre à air. Je suis obligé de regonfler tous les 3-4km… A 225km, la nuit commence tout juste à pointer alors je me trouve un champ en lisière de forêt afin d’y passer la nuit. Je profite des dernières lueurs du jour pour changer ma chambre à air et mettre une rustine sur l’autre.

Au moment de me coucher, un autre participant passe en trombe sur le chemin attenant mon bivouac sans m’apercevoir… Je m’endors satisfait de cette 1ère journée, la tête vers le ciel étoilé.

Jour 2: La côte Nord et les Monts d'Arrée

Réveil 5h. C’est le soir du 1er jour et le matin du 2e que l’on peut creuser les écarts et faire en sorte d’être tout seul. Par expérience, peu de personne démarre aussi tôt et à 6h15, je suis sur mon vélo émergeant dans la nuit encore un peu présente, entre chien et loup. L’ambiance matinale est aussi grisante que la « golden hour », on sent que la nature se réveille, on est tout seul sur les routes et chemins, on se sent privilégié. J’adore ces moments de solitude matinaux…

La trace nous emmène tranquillement vers Paimpol ou le relief se durcit parfois rapidement avec des côtes au pourcentage élevé. Nous passons Paimpol par le sud puis traversons le Trieux pour atteindre la ville de Lézardrieux puis le Jaudy et Tréguier où une pause-café, croissant s’impose. Je roule tout seul depuis ce matin, et un coup d’œil sur le site du tracker m’indique que cela va durer si je ne m’attarde pas trop. La trace coupe ensuite à travers les terres pour rejoindre la côte à St Guénolé où l’on voit le littoral pour la 1ère fois, pour de vrai ! Un vent frais du large amène ses odeurs iodées si agréable… Je ralentis le rythme pour profiter du paysage et prendre des clichés de cette côte rocheuse déchiquetée si magnifique.

Le soleil décline, la lumière devient rasante et l’ambiance est à nouveau superbe sur le lac que l’on contourne par l’est.

La trace longe la côte puis bifurque au sud à Louannec pour rejoindre Lannion. Je ne m’attarde pas et continue plein ouest à travers un long single étroit longeant le Léguer. Le single est assez technique et il faut plusieurs fois porter le vélo mais en début de journée cela reste accessible et cela passe sans trop de difficultés.

Arrivé à Locquémeau sur la côte, je tente de trouver un restaurant pour  la pause midi mais tout est fermé. Je me rabats donc sur la supérette du coin où j’achète melon, pâté et quiche lorraine. Face à la mer turquoise, je fais mon petit pique-nique. La suite de la trace longe la côte sur de magnifiques routes ayant une vue imprenable sur la côte et même sur des sections du fameux GR34 au plus près de la falaise et des plages de galets, c’est magnifique. Pause diabolo fraise à Locquirec, bondés de touristes en raison des conditions estivales qui règnent ce week-end !

Je quitte les côtes d’Armor pour le Finistère (là où se finit la terre…) et poursuit sur de magnifiques sentiers qui m’amène jusque sur la rive droite de la rivière de Morlaix où Frédéric m’accueille pour valider le CP2. Quelle joie de le voir ! Photos, vidéos et tampon, puis il me fait un ptit récap de la situation et de ce qu’il m’attend ! Je ne reste pas trop et continue vers Morlaix qui mériterait une pause prolongée.

La trace nous emmène ensuite sur la voie verte Morlaix-Carhaix. Parfait me direz-vous ? Sauf qu’on la prend dans le sens montant et c’est un faux plat interminable de 30km environ. Au moment où la voie verte commence à redescendre vers Carhaix, nous la quittons pour monter vers les bois d’en haut, Huelgoat en breton, CP3 où Ludo m’accueille après quelques lacets et sentiers sinueux jalonnant l’accès au village.

Je me ravitaille à la boulangerie à coup d’Orangina et de saucisson achetés le matin puis je repars avec l’objectif de passer le Menez Mikel (Mont St Michel de Braspart), un des points culminants de la trace, des monts d’Arrée et de la Bretagne avec une altitude vertigineuse de 381m. De Huelgoat, on monte vers le lac de Brennilis, lac réservoir situé au pied du Menez Mikel que l’on aperçoit si loin mais si proche puisqu’à quelques kilomètres seulement.

Le soleil décline, la lumière devient rasante et l’ambiance est à nouveau superbe sur le lac que l’on contourne par l’est. La végétation devient rase, on passe de la forêt à de la lande, quelques tourbières  sont également présentes. On se croirait en écosse.

Le sentier pour accéder au Menez Mikel est légèrement humide et faut se mouiller les pieds pour l’atteindre ! Et encore c’était sec parait-il… Arrivé enfin au pied du colosse, il me faut 7 min pour atteindre le sommet alors  que le ciel se teinte de couleurs rosées. A peine arrivé, Vincent et Audès m’interpelle. Ils sont en train de pique-niquer et m’offre le couvert pour ce soir ! Salade de pâte, crêpe au miel, l’accueil est très chaleureux. Ils ont vu passés mes prédécesseurs et sont avides de questions ! Je m’attarde une bonne heure avec eux du coup, je revois mes objectifs kilométriques à la baisse et je pose mon campement à quelques kilomètres du Menez Mikel. Je reste toujours impressionné par l’accueil que l’on peut avoir vis-à-vis du « public ». A vélo tout me semble plus facile ou est-ce moi qui suit plus disponible, plus ouvert et à l’écoute des autres … ?

Jour 3: La presqu'île de Crozon

Réveil à 5h, la rosée est bien présente et je suis complètement dans la brume. Thé chaud, banane et galette bretonne avalés, je remballe tout mon bazar et décolle du site vers 6h15. Quelques kilomètres plus loin, je fais le plein d’eau au cimetière du village et poursuit ma route à mon grand plaisir sur de l’asphalte. J’ai un peu froid et la fatigue du 3e jour commence à se ressentir.

Malgré un profil descendant, il y a quelques côtes avant d’atteindre Le Faou où je stoppe au seul bar d’ouvert à cette heure matinale. Au moment où j’arrive, je vois le patron ressortir des toilettes et je vois noter sur la porte « Hors service ». Mince, je voulais bien en profiter… Je demande tout de même au patron qui me répond sur un ton peu amical que « comme par hasard, il y a eu des cyclistes comme vous hier, et maintenant les toilettes sont bouchées, Bah ouais, c’est classique, les cyclistes doivent se déchargés de tout pendant leur courses, ils ont dû vider des trucs dans la cuvette… Mais y a pas mort d’homme hein… »

Bon, je sens que je ne suis pas vraiment le bienvenu. Je m’installe en terrasse et mange un bon Kouign Aman accompagné d’un café.

Direction les toilettes publiques pour un brin de toilette et c’est parti pour la presqu’île de Crozon qui s’annonce bosselée. La brume est toujours présente et a du mal à se dissiper.

Après une bonne section sur un sentier en courbes de niveau le long de la rive droite de l’Aulne Maritime, on traverse le bras de mer pour descendre dans le bois de Folgoët sur de larges pistes forestières puis l’on remonte sur les petites départementales avec tantôt de beaux chemins de terre tantôt des sentiers impraticables le tout saupoudrés de dénivelé.

Je peste contre Frédéric (Et je reste poli…) au moment d’une superbe descente de graviers, la trace bifurque sur un sentier complètement envahi par la végétation, un  single large pour une roue de 32 et plein de cailloux… 10 min pour faire 200m… Grrr.

La trace est moins difficile lorsque l’on prend la direction du sud et le cap de la Chèvre. Je fais une bonne pause au bord d’un lavoir vers 11h30. Le soleil en profite pour faire son apparition. Je discute vélo avec un local pendant mon repas puis repart en meilleur forme.

On suit de loin la côte rocheuse pour arriver au cap de la Chèvre qui n’est pas extraordinaire, je fais un léger détour jusqu’au bord de la falaise et du monument bondés de touriste. Je suggérais d’ailleurs de faire le CP Selfie devant le monument et non devant le panneau pour « obliger » les participants à voir la falaise. Je quitte les lieux photo en poche sur une longue piste de gravier qui descends jusqu’à Morgat. De supers sensations sur cette section !

Je me pose à nouveau à Morgat pour manger, je suis un peu démotivé, le temps gris n’aide pas… Mais après un bon repas, cela va toujours mieux ! La trace quitte la côte vers les terres pour passer parfois dans des champs où honnêtement, pour moi, le sentier était inexistant et débouchait sur des secteurs privés. Je me suis peut-être trompé quelque part…

Je redescends sur la côte juste après Pentrez et c’est parti pour l’ascension du Menez Hom (330m) que j’ai aperçu au loin dans la brume. L’ascension se fait bien et j’arrive effectivement dans le brouillard total accompagné d’une petite pluie. Frédéric m’accompagne tout en haut et je le quitte sur un sentier bien technique et ludique qui m’amène en bas du mont. J’essaye en vain de trouver quelque chose d’ouvert à Plomodiern mais tout est fermé… Je poursuis donc vers le sud, longeant la côte ou remontant dans les terres.

Le début de soirée approchant, je souhaite me poser dans un restaurant ou trouver une supérette d’ouverte mais le secteur est plutôt désert. Le soleil a refait son apparition et après quelques magnifiques singles dans la vallée du Goyen, je quitte la trace pour aller vers le village de Guiler sur Goyen où je tombe sur bar ouvert ! Le patron et les clients sont supers accueillants et le patron m’informe qu’il a de quoi me sustenter : des croque-monsieur ! Parfait, pendant qu’ils cuisent, je me délecte d’une pinte de houblon et d’un saucisson, bien au chaud dans le bar. Je discute un peu avec les clients qui sont toujours avides de question quant à notre périple.

(…) cette fin de journée est parfaite, serait-ce l’alcool, l’adrénaline et le paysage qui participent à cet émerveillement ?

1h plus tard, je reprends la route au soleil couchant dans les champs inondés de soleil rougeoyant. Au détour d’un chemin, je surprends un renard en train de manger au milieu des bovins, cette fin de journée est parfaite, serait-ce l’alcool, l’adrénaline et le paysage qui participent à cet émerveillement ? C’est fort probable ! J’en savoure chaque seconde. Vers 20h30, ma recherche de bivouac commence et je jette mon dévolu sur une sorte d’aire de repos à proximité d’un petit hameau Au milieu coule un ruisseau et j’en profite pour me laver entièrement dans cette eau bien fraîche. Quelle bonheur de se laver en plein nature… Et après tant de kilomètres !

Je me couche vanné, au terme d’une étape de 178km seulement.

Jour 4: La côte sud

Je quitte mon bivouac vers 6h30, direction le phare d’Eckmühl et la pointe de Penmarc’h. La trace longe la côte bordant la baie d’Audierne. Les températures sont fraîches mais il fait un temps magnifique, la trace est facile, peu de dénivelé, c’est parfait, j’avance bien.

Je mouille les pieds totalement quand la trace s’approche au plus près du cordon dunaire puis je longe les dunes dans un décor qui me rappelle notre tour du Danemark de juillet dernier. A l’approche de la plage de la Torche, haut lieu du surf, la trace nous emmène à travers la dune et le sable histoire de corser un peu les choses. Mais la végétation rase donne une bonne accroche et la progression est facile. Je m’étonne d’ailleurs que les vélos soient autorisés à circuler dans un milieu si fragile. La traversée de cette section est animée par les nombreux terriers de lapins ainsi que leur propriétaire qui gambadent partout autour.

Je fais une pause-café-croissant à St Guénolé avant d’aller m’immortaliser devant le CP7 : le Phare d’Eckmühl.

On prend ensuite la direction de Pont-l’Abbé puis direction l’ouest par chemin et route. Vers midi, je m’autorise une pause restaurant à la Forêt Fouesnant. Une bolée de cidre, deux galettes super complètes (+ andouille) et une crêpe caramel beurre salé. Un régal. Je suis refait !

Un coup d’œil au tracker et je m’aperçois que Benoît et Alin sont en train de me remonter tranquillement, ils sont à 7km.

N’ayant pas envie de me faire doubler, je repars passant Concarneau, Trégunc, Pont-Aven assez facilement. La trace se complique soudain à l’approche du Moulin d’Edouard, près de Ker Anna et du Belon. Frédéric nous emmène sur le sentier côtier où l’on droit réellement porter le vélo, mais le détour en vaut la chandelle et le portage n’est pas si long que ça.

A l’approche de Doelan et du CP8, Benoit me rattrape. Nous roulons un peu ensemble mais il a un rythme assez élevé ! Cela me booste tout de même et j’augmente considérablement ma moyenne. Son acolyte est derrière, il a apparemment des problèmes au genou. Les types sont des machines, ils roulent de 7h à 18h et font 200km par jour. Autant que moi mais avec 4h en moins et ils dorment à l’hôtel tous les soirs…

La trace remonte vers la forêt de Carnoet où de beaux sentiers et de belles descentes nous amènent vers la Laita puis on continue au plus près de la mer après Guidel-Plages. Je fais un arrêt houblonné au Savanah Café, à Le Courégant pour reprendre mes forces et profiter de me mettre à l’abri car le temps devient menaçant. Seulement 3 clients dans le bar, des piliers de comptoir bien sympathique avec qui je blague un peu puis je repars pour le prochain CP situé au café des pêcheurs. Même ambiance conviviale mais cette fois-ci je prends rien même si le cœur en a envie ! Il y a une telle ambiance ! Un des clients me fait penser à quelqu’un… Ah oui ! Nicolas Sarkozy !

« On vous as déjà dit que vous ressembliez à Nicolas Sarkozy »

Explosion de rire de l’assemblée, tape dans le dos !

« Chhhuuut ! Faut rien dire, il est là incognito »

Ah quelle ambiance… Je quitte les lieux, l’embuscade n’était pas loin !

La trace remonte vers Ploemeur puis on longe Lorient par l’ouest. La journée commence à se terminer et il est temps de trouver une zone pour bivouaquer. Aucun souvenir d’où et quand j’ai mangé ce soir-là…

La nuit commence à tomber et je cherche désespérément un bivouac pour la nuit… Avec la baisse de luminosité, j’ai du mal à apprécier les spots idéal, je suis moins serein… Par deux fois, je fais une tentative mais je les sites ne sont pas terribles terribles… Je poursuis donc jusque le long de la vallée du Scorff où je m’engouffre dans la forêt. Je me sens happé par la nuit. Pas franchement à l’aise de rouler de nuit dans les sentiers, heureusement que j’ai un bon phare ! Dès que je sors de la forêt, je plante ma tente dans le 1er champ ! Enfin vers 23h, la piste débouche sur un énorme champ de haute herbe bien isolée des habitations. J’ai toujours peu que l’on vienne m’embêter pendant la nuit… Je n’arrive pas encore à me dire que c’est moi le type louche, le type qui dort dehors…

Bref, à la lumière rouge de ma frontale je déploie ma tente sur les herbes de 1 m de haut ! Au moins, j’aurais un matelas végétal confortable… Cette fois-ci, je mets le 2e toit, je sens qu’il ne va pas tarder à pleuvoir et c’est le cas au cours de la nuit.

Une superbe étape de 211km, peut-être la plus belle !

Ah quelle ambiance… Je quitte les lieux, l’embuscade n’était pas loin !

Frédéric nous emmène sur le sentier côtier où l’on doit réellement porter le vélo, mais le détour en vaut la chandelle et le portage n’est pas si long que ça.

Jour 5: Retour dans les terres

5h. Je décide de petit déjeuner un peu plus loin, histoire d’être un peu plus l’aise. Les hautes herbes sont couvertes de rosée et les 50m qui me séparent du chemin suffisent à détremper toutes mes affaires. Je suis frigorifié.

Quelques kilomètres plus loin, j’atteins la ville de Plouay, CP 9. Je profite de la quiétude matinale pour manger dans un abri bus en essayant de me réchauffer mais en vain. Je sais que cela ne durera pas et que dans 4h, j’aurais chaud vu que le ciel est limpide mais c’est quand même dur ! Je ne profite même pas de la partie roulante le long du Blavet…

Vers 10h, je quitte momentanément la trace pour la ville de Baud afin de prendre un café et de manger un morceau. La pause me revigore complètement et je repars bien en forme sur le tracé qui se transforme souvent en single VTT technique ! C’est réellement ludique et je m’amuse pas mal au cours de l’après-midi.

Je suis rattrapé plusieurs fois par Benoit et Alin avec qui je roule plusieurs fois dans la journée. Comme nous n’avons pas tout le temps le même rythme, on roule ensemble par intermittence mais cela reste très plaisant ! Ils ont toujours une cadence plus élevée et je m’oblige de temps à autres à les suivre dans les singles tortueux des nombreux bois que l’on traverse ! On discute et on rigole beaucoup tous les 3, ils n’arrêtent pas de blaguer tout le temps ! On arrive quasiment ensemble au CP de la biscuiterie Merlin à Malestroit où l’on s’arrête prendre un pot ensemble. Je dévore également 2 Kouign Aman chaud, un délice…

Nos discussions tournent autour maintenant de la fin du parcours. Clément et Rémi sont déjà arrivés et ils nous apprennent que les dernières sections sont terriblement dures, notamment la forêt de Paimpont et à proximité de Treffundel. Ils ont fait une étape de 300km et ont traversé ces massifs forestiers de nuit. On se dit qu’avec la fatigue, le noir, certains passages peuvent être beaucoup plus durs qu’en réalité. Mes 2 compagnons prévoient leur hôtel près de la ville de Ploërmel quant à moi, je réserve une place de camping à proximité de Loyat, juste avant d’attaquer les fameuses sections difficiles.

Juste après Malestroit, nous sommes sur la voie verte Mauron-Questembert et c’est en fin d’après-midi que je pose ma tente au camping de Merlin L’enchanteur au terme d’une étape de 155km. Petite étape mais je ne me voyais pas faire les derniers 100km de nuit. Je suis largement dans les temps et j’ai envie de profiter de ces forêts de jour !

Une petite compétition est née dans nos discussions avec Alin et Benoit, à celui qui arrivera le 1er demain ! Mais, il est fort probable que l’on arrive ensemble ! Secrètement, je me dis qu’il faudrait que je me lève 1h plus tôt…

Les hautes herbes sont couvertes de rosée et les 50m qui me séparent du chemin suffisent à détremper toutes mes affaires. Je suis frigorifié

Jour 6: Derniers kilomètres

4h réveil. Trop tôt… Tant pis pour doubler Aline et Benoit. 5h15, je me lève et file au bloc sanitaire pour manger, me réchauffer et ranger mes affaires.

A 6h15, je me fais déloger par le gérant anglais du camping parce que j’ai sois disant salit les sanitaires. Inutile de parlementer, je file sur la voie verte pour quelques kilomètres seulement avant de la quitter et de me diriger vers la forêt de Paimpont.

Il fait à nouveau un temps superbe et cette fois-ci j’ai mis mon legging. Oh la bonne idée ! Pourquoi je ne l’ai pas mis les autres jours ? Je suis bien à l’aise pour attaquer les singles de Brocéliande.

Néant sur Yvel est derrière moi. C’est maintenant que cela commence. Vu le CR de Rémi, je m’attends à quelque chose de vraiment ardue. Cela commence par des pistes forestières faciles qui me permettent d’observer un magnifique chevreuil ! Pour une fois, j’ai réussi à le prendre en photo ! Puis sans s’en rendre compte, la piste se transforme en single et c’est parti pour en fait seulement 20km au cœur de la forêt de Brocéliande. Le soleil perce à travers les arbres touffus donnant une ambiance magique. Les arbres sont vieux, les troncs difformes et pleins de racines qui sortent de terre notamment à côté du ruisseau que l’on suit. C’est tout simplement magnifique. Le single est technique mais sans grosse difficultés. De nombreux arbres barrent la route et ralentissent la progression mais de bon matin, cela se fait très bien. Je sors de la forêt assez rapidement et atteint Plélan le grand où je m’arrête dans un bar pour un café, chocolat chaud, Kouign Aman. Attablé devant mon festin, je vois passer en trombe Alin et Benoit dans la rue ! Je les reverrai qu’à l’arrivée.

Le soleil perce à travers les arbres touffus donnant une ambiance magique. Les arbres sont vieux, les troncs difformes et pleins de racines qui sortent de terre…

Je me prends un sandwich pour ce midi puis je repars avec le sentiment d’avoir fini l’épreuve mais il reste quand même 70km ! Et en effet, ce n’est pas terminé ! Alin et Benoit m’avait affirmé qu’il y avait 50km de voie verte à la fin, ce dont je doutais tout de même… Au bout de 40km, je suis toujours en train de sillonner la campagne bretonne à travers les chemins de campagne, montant et descendant avec Rennes au loin qui se profile.

On emprunte à nouveau des singles vraiment techniques notamment des passages rocailleux m’obligeant à poser pied à terre pour ne pas chuter. On traverse parfois des corps de ferme où je suis rarement serein, toujours prêt à déguerpir au moindre aboiement mais cette fois-ci, c’est les barrières électriques que l’on doit manipuler et je ne fais pas trop attention : je prends 2-3 coups de jus qui me remettent en place !

Enfin, à Blossac, la trace bifurque sur le chemin de halage de la Vilaine et c’est parti pour 25km jusqu’au camping des Gayeulles. La voie verte est bien plaisante d’autant plus que le vent du sud me porte rapidement jusqu’au centre-ville de Rennes.  Encore quelques kilomètres et je passe à nouveau les portes du camping sous les applaudissements de mes camarades.

Alin et Benoit sont arrivés peu de temps avant moi. Rémi et Clément sont là, Luc aussi, Frédéric et d’autres. Je boucle la GTB en 5 jours et 15h, je suis le 17e arrivant.

Epilogue

Je savoure une bonne Malténi avec tout le monde puis c’est le débriefing pendant 2-3 jours au fur et à mesure que les participants arrivent.

Ce fût une bonne et belle aventure, les paysages traversés sont magnifiques, le tracé vraiment travaillé et il pourra que s’améliorer vu les possibilités qu’offre le territoire breton.

Merci Fred.

Maintenant un peu de repos avant de repartir vers les terres Italiennes et la Tuscany Trail

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