[Trekking] – Via Alpina 2018 : De l’Italie à la frontière autrichienne, 263 km sur les terres Slovènes

Introduction

Cet été nous avions prévu un gros voyage, the big trek ! Réaliser le John Muir Trail, au cœur de la Sierra Nevada en Californie. Mais nous avons dû revoir notre copie pour des raisons personnelles. Nous sommes donc partis au dernier moment début août. Il nous fallait quelque chose de proche, relativement sauvage et dépaysant. Notre bouquin préféré répertoriant les treks du monde entier nous a orienté vers la Slovénie et la Via Alpina.

C'est quoi la Via Alpina ?

Un tracé qui traverse la totalité du massif Alpin ralliant l’Italie à la France, en passant par la Slovénie, l’Autriche, et la Suisse.

Nous optons pour la partie Slovène qui débute à Muggia en Italie pour terminer notre trek à Podkoren, à quelques kilomètres de la frontière autrichienne.

Le tracé de notre périple, les étapes et le profil topo
Le tracé de notre périple, les étapes et le profil topo

Quelques liens :

Le film du trek !

Le Récit

Jour 1 : Transport

Nous partons de Dunkerque sous la pluie, un peu à l’arrache. Le trek a été préparé à la va vite, j’ai imprimé le topoguide, intégré la trace dans le GPS et advienne que pourra. On a prévu quelques trucs mais on va surtout improviser cette fois-ci ! Pas le temps de niaiser comme ils disent…

On réalise le trajet voiture en 2 étapes, on se pose le soir sur un parking en Allemagne à proximité d’un camping malheureusement fermé à l’heure tardive où l’on arrive. On mange un reste de ratatouille à la frontale dans le coffre de la Dacia puis au lit dans la tente alors que les gosses du camping crient au loin.

Jour 2&3 : La bien aimée

Réveil à 4h30 et on prend la route directement. On traverse l’Autriche et nous arrivons en fin de matinée à Podkoren en Slovénie, petit village de vallée où l’on gare la voiture sur un parking gratuit devant l’hôtel de la place du village. J’ai choisi ce village car la Via Alpina y passe, nous aurons donc pas besoin de prendre un moyen de transport pour retrouver notre véhicule. On croise les doigts pour qu’on la retrouve au même endroit  dans 15 jours….

Pour l’instant, l’heure n’est pas à la marche mais au tourisme « classique ». Nous prenons un bus de Podkoren qui nous amène à la capitale, Ljubljana, « la bien aimée ». Nous allons y passer 2 jours avant de rallier la côte italienne pour le début du trek.

Seulement 2h30 de bus et nous sommes à la capitale après avoir traversé de nombreuses vallées puis des plaines ouvertes pour atteindre le cœur de la ville. Nous avons loué une tente qu’un particulier met à disposition dans son jardin situé en plein centre de la cité. La ville est superbe, piétonnisée quasi totalement dans l’hypercentre, des terrasses de part et d’autres surplombent la Ljubljanica : la rivière qui coupe la ville en deux.

Nous sommes accueillis par Borut, très sympathique, parlant un anglais parfait aux accents indien, nous conseillant sur les bonnes adresses et les choses à faire dans la capitale. Notre couche est une tente igloo posée au fond du jardin très végétalisé. C’est plutôt bien aménagée, douche et toilettes, rien de superflu, parfait pour des backpackers !

Nous passerons donc 2 jours à déambuler dans la ville, nous délectant de la nourriture locale ainsi qu’à un marché rassemblant des mets du monde entier. Ptit tour en bateau, visite du château surplombant la ville, un peu d’histoire sur ce pays récemment indépendant (décembre 1990), bref on se cultive, on mange, on boit etc. Au bout de 2 jours, on a fait le tour 10 fois du centre-ville, il est temps de commencer à marcher !

Jour 3 : La (l’im*) précision Italienne

Nous partons de la gare à 7h50 via notre bus Flixbus qui amène sur la côte est de l’Italie, à Trieste, ville portuaire et apparemment assez industrialisée, nous ne sommes pas dépaysés !

On doit maintenant prendre un bus de ville pour rallier Muggia qui est le départ de notre itinéraire. Géraldine s’efforce de trouver des tickets de bus et doit marcher un moment avant de trouver quelque chose d’ouvert car oui, on ne peut pas en acheter dans les bus, c’est pratique ça hein ?

A 11h, nous sommes sur la Piazza Marconi, superbe place faisant face à une église aux façades blanches. Nous décidons de manger un morceau en terrasse avant de partir mais il est trop tôt, tout le monde est à l’expresso. Je prends tout de même des légumes frits avec notre « acqua frissante », mais certains légumes laissent une odeur pas très ragoutante… On les laisse de côté, il ne faudrait pas attraper la droule avant de partir !

11h45, c’est parti. Il faut trouver le balisage : des traces rouges et blanches, classique en somme. D’après le topoguide, il part de la place de l’église et monte au château de Muggia. Rien sur la place, on cherche, rien. On monte au château, rien. Il y  aucun balisage ! Cela commence bien… On demande, les gens ne savent pas. La trace GPS est plus qu’imprécise. Elle coupe complètement à travers les rues, à travers les maisons. Bon… On doit passer par un lieu-dit nommé « Santa Barbara ». Un autochtone nous indique une direction à l’opposé totale de la trace GPS… On jardine un bon moment avant de prendre la direction approximative de la trace GPS qui monte à travers les rues de Muggia.

Nous redescendons près d’un petit bourg (Dolina) puis à l’entrée d’un nouveau sentier, un panneau nous avertit de la présence d’ours brun dans ce secteur.

Au bout d’une vingtaines de minutes, nous apercevons un semblant de chemin et de balisage confirmé par un couple de personnes âgées. Nous quittons momentanément la ville pour quelques sentiers trop court, longeant ensuite des pavillons où de nombreux chiens nous aboient dessus. On se régale avec les figues poussant un peu partout dans les jardins puis nous atterrissons sur la rocade extérieure de la ville que l’on doit longer… Pas très intéressant tout ça ! Il fait chaud, le bitume tape fort sous nos talons, vivement la nature !

Enfin, nous quittons la zone urbanisée pour monter à travers bois sur un sentier qui s’éloigne progressivement de Muggia.  De rares trouées dans la végétation nous permet d’admirer la baie de Trieste.

Nous redescendons près d’un petit bourg (Dolina) puis à l’entrée d’un nouveau sentier, un panneau nous avertit de la présence d’ours brun dans ce secteur. Faut avouer que c’est le facteur un peu stressant de ce périple, tomber nez à nez avec la bête. Ce n’est plus les ours noirs « gentils » de Yosemite Park, là, on parle d’une bête assez énorme ! Les même que l’on relâche dans les Pyrénées au grand désarroi des locaux. Ce sera d’ailleurs intéressant d’évoquer ce sujet avec des Slovènes, car on parle de 500 individus répartis sur une superficie aussi grande que la Bretagne. Rien à voir avec nos 45 ours…  (http://www.paysdelours.com/fr/ours/ours-pyrenees/point-population-ours-pyrenees.html).

Bref, on y pense pas trop pendant la marche, ce sera plutôt la nuit qu’il faudra être vigilant. On appliquera les règles au pied de la lettre.

La trace nous amène à travers des pierriers découverts un peu technique rendant la progression bien plus ludique. La pente est tout de même importante et mes orteils sont en feu !

Au terme de la descente, nous arrivons au refuge de Primuda où l’on déguste un coca et une eau pétillante bien mérité par cette chaleur !

Ce refuge n’a pas de chambre pour dormir (un refuge… ?), on demande si on peut planter la tente quelque part sans grand espoir d’une réponse positive de la part de nos voisins italiens. Oh surprise, nous pouvons nous installer au fond de la terrasse ! Parfait !

On mange vite fait et on se couche. On a tout de même fait 20km au lieu des 14 prévus !

Jour 4 : Le jour le plus long

Réveil à 5h après une nuit très ventée et la peur qu’une branche ne nous tombe dessus… Le ciel est bleu et il y a toujours un peu de vent. Ptit déjeuner, rencontre avec un loir (trop mignon) puis nous reprenons notre route le long d’un torrent asséché au milieu de la vallée de Rosendra plutôt jolie ! Nous évoluons sur des sentiers puis quelques routes de terres pour atteindre Battajo où nous nous retrouvons en contradiction totale entre le topoguide, la trace GPS et la réalité terrain… Dur de  prendre une décision ! Nous prenons la direction de Draga comme prévu mais la description du topoguide est complètement alambiquée !

Cela grimpe pas mal pour atteindre le plateau puis nous gagnons la frontière Slovène d’abord sur une piste cyclable puis sur le macadam.

Nous faisons un stop au pied d’une église pour un en-cas puis nous traversons la frontière et enfin la trace GPS correspond parfaitement au sentier ! Ce qui signifie que les distances annoncées seront enfin bonnes !

Nous montons sur une piste de gravier (si seulement on avait nos vélos… 😉 ) pour arriver au refuge de Koca na Kokosi à une altitude de 674m. Personne, fermé, nous nous y arrêtons pour déjeuner.

On repart sous le soleil à travers la campagne, les pistes forestières, quelques singles mais surtout du bitume… Du macadam qui fait vraiment mal aux pieds ! Sans compté que les paysages ne sont pas foufous, c’est donc difficile de penser à autre chose qu’à ses pieds qui tapent sur le sol… C’est ça l’itinérance, un peu de tout ! Ce n’est pas tout le temps dingue ! Je reste persuadé que ça va aller de mieux en mieux, au fur et à mesure que nous nous rapprocherons des Alpes.

Géraldine est au bout du rouleau, moi  j’en ai plein les pattes mais la perspective d’une douche chaude me redonne de l’énergie.

Nous avons projeté d’arriver ce soir à Matavun, petit village situé juste à côté des grottes de Skocjan que nous allons visiter en fin d’après-midi ou demain. Nous arrivons au centre touristique un peu tard (17h30) et il n’y a plus de visites à cette heure-là. La 1ère a lieu le lendemain matin à 10h. Fatigué après ces 30km de marche dont une bonne partie sur la route, on nous indique un camping à 3km près de Skoflje. Géraldine est au bout du rouleau, moi  j’en ai plein les pattes mais la perspective d’une douche chaude me redonne de l’énergie. C’est parti pour 3km sur une route départementale où circule quelques voitures. On tente le stop mais personnes s’arrête, encore moins quand la pluie de met à tomber. Géraldine se met en mode petite boule, tête penchée, regard sur le bitume, pas cadencée mais ralenti, elle est à bout mais elle tient le coup !

On se pose au camping qui borde la rivière Reka malheureusement asséchée. Une vielle dame vend des produits locaux dont des cornichons en bocal ! J’en prends ainsi qu’un peu de lard et du saucisson. Un bon apéro bien mérité puis au lit alors qu’au loin un orage éclate…

Le ciel grondera toute la nuit, nous tournant autour. Une énorme averse nous réveillera au matin…

Jour 5 : Les grottes de Skojcan

Nous nous levons vers 7h afin d’arriver assez tôt sur le site des grottes qui ouvre à 10h. On tente le stop et on se fait prendre au bout d’un kilomètre du coup on arriver très tôt, 8h30. On pourra être les premiers à pénétrer sous terre !

Vers 10h, le site est bondé de touristes, on a bien fait d’arriver tôt ! On met les sacs à dos à la consigne (vraiment pratique !) et on part pour réaliser l’ensemble du parcours des grottes de Skojcan. Le site de l’UNESCO est vraiment magnifique, une cathédrale souterraine. Travertin, stalactites et mites, draperies, tout le champ lexical de la spéléologie est là ! On profite à fond et vers 12h on ressort du site.

Après le repas, on quitte le site sous la pluie vers 13h et on longe le site des grottes par le haut, face au trou béant creusé au milieu du paysage.

La trace se poursuit ensuite sans grand intérêt le long d’un aérodrome et à travers champs et forêt.

En fin de journée, la pluie s’intensifie alors que l’on approche du Mont Nanos, première vraie montagne du trek. Nous nous posons à un camping à Razorto où l’on peut profiter de la piscine, d’une pizza et de quelques bières ! Le camping est relativement bruyant malheureusement. La pluie qui s’abat sur la toile de tente permet d’en diminuer un peu l’impact…

Pour le moment, la trace n’est pas à la hauteur de nos espérances et il y a beaucoup de route en comparaison des sentiers… On espère que ce sera mieux en s’approchant des Alpes.  Nous recroisons Sacha que nous avions rencontré au 1er refuge de Primuda.

Jour 6 : Enfin du relief !

Au pied du Mont Nano, on attaque directement son ascension avec 700 m de D+. La montée est ludique, sentier escarpé où faut mettre les mains, on est dans notre élément !

En haut, le vent souffle énormément et il paraît qu’il n’est pas rare d’y mesurer des vitesses supérieures à 100 km/h. Il y a également pas mal de monde qui sont venus admirer la vue sur Razorto et l’autoroute qui gâche le paysage vallonné et forestier.

Nous redescendons pendant 2h sur un sentier plutôt sympa et sous le soleil. A 12h nous déjeuner à proximité d’une église et de son if centenaire puis nous repartons à travers la campagne vallonnée qui nous fait débouché sur le village de Predjama. Lieux hautement touristique marqué par son château encastré dans la falaise et dont on devine les nombreuses galeries.

Le site est bondé, nous en profitons pour prendre un verre en terrasse face au château et nous repartons pour environ 16 km de pistes forestières.

1 km… 2km… 5km… C’est long… Nos chaussures quoique de bonne facture tapent sur la piste. Nos pensées vagabondent sur les graviers et les arbres alentours. Rien de transcendant…

Au bout de 30km, le relief change radicalement et la route plonge en lacet dans une vallée encaissée. Au détour d’un virage, le village de Sorano apparaît d’un coup, comme sculpté à même la roche.  Illuminé par le soleil, le village est tout simplement superbe. Je m’arrête chez un commerçant pas aimable pour un soda et je repars, traversant le village puis descendant la route qui a été taillée au milieu de la roche. En bas de la vallée, on doit tout monter par de longs lacets afin de remonter sur le plateau pour replonger 15km plus loin vers le village de Pitigliano. Cette fois-ci l’approche se fait par un chemin puis par un portage dans les escaliers à travers les venelles de la cité. La trace nous fait traverser le village par de petites rues typiques puis on débouche sur de jolies places donnant sur la vallée sous-jacente. J’en profite à nouveau pour une pause à base d’Oréo, de soda et de Pancetta. Je me suis en effet acheté il y a 2 jours un morceau de lard que je ponctionne de temps à autre. Quel délice que d’avoir du salé !

Je redescends à nouveau du village pour remonter sur le plateau en face. La vue sur Pitigliano est majestueuse !

La trace nous emmène ensuite vers l’ouest, le relief devient de plus en plus plat, le vent de la côte commence à se faire ressentir puis au niveau de Marsiliana, on longe la rivière Fiume Albegna jusqu’à Albinia. Ce sera pour moi les 15km les plus durs du séjour. Fatigué et affamé, je perds patience sur ce chemin de halage qui se transforme en chemin dans les hautes herbes où l’on ne peut pas anticiper les nids de poule… Ca tape, j’ai mal aux mains, le vent souffle fort de face, j’avance à rien.

« Touristé ? Ney ! Ney Ney Ney ! » Elle pense que l’on squatte !

Jour 7 : Forêts et Sentier pas balisé

Levé 6h pour un départ vers 7h. On débute avec le reste de pistes forestières dans un chaos karstique bondé de dolines. Au sommet, un refuge fermé avec une vue imprenable sur la vallée puis une descente jusqu’au village de Crni Vrh Nad Idrijo où l’on fait une longue pause déjeuner.

On repart pour une étape de plat à nouveau, sur de la route ou de la piste… C’est dur ! Mais le décorum est plutôt pas mal, pleins de villages nichés dans les collines verdoyantes, à l’instar de la Comté de Tolkien.

S’en suit une descente infernale dans la forêt où le balisage et le GPS s’affole ! J’en perds mon sang froid… Le sentier est si peu emprunté que la végétation le cachait complètement. En bas du sentier, on débouche sur un torrent où l’on s’y jette afin de se calmer de cette rude descente. L’eau est fraîche et rassérénant.

L’étape se termine à Idrija quelques kilomètres plus loin où l’on s’octroie une bière en terrasse après avoir croisé Sacha lorsque l’on entrait dans la ville.

On traverse la zone urbaine afin de trouver un spot et l’on en déniche en pleine ville, sur un coteau, sous les pommiers avec le centre-ville en contrebas, parfait.

Jour 8 : Zex ?

Levé 5h30, une grosse étape nous attend aujourd’hui. 25 km et environ 1200m de D+ avec en prime une nuit dans un refuge de montagne.

On attaque dret dans le pentu sur 2 km puis à nouveau 6 km d’asphalte qui nous martèle les talons. Je commence personnellement en avoir marre de ces sections goudronnées, je veux du sentier, du wild ! Heureusement, Géraldine a bien la patate ce matin et elle me motive pour avancer !

A 10h, 11km sont déjà derrière nous. La trace serpente dans les vallons et les villages. On alterne pistes et routes, cela devient sympathique !

Au détour d’un petit mont, nous tombons sur une sorte de petite niche qui cache un distributeur de schnaps ! Ce n’est pas dingue ça ! On met sa pièce de 1 euro et on se sert un petit verre d’alcool ! Un régal ! Au loin, se dessine enfin les Alpes Juliennes qui constitueront l’apothéose de notre périple.

Parce qu’on est là pour en profiter, et qu’il faut rencontrer quelques locaux, on décide de dormir dans un refuge, le refuge de Planinska Koca Na Ermanovcu. Je tente d’appeler pour pouvoir réserver une chambre mais l’interlocuteur ne semble pas du tout parler anglais… Difficile de se faire comprendre !

A 16h, nous sommes au refuge. La vue est imprenable sur l’étape de la journée. La bâtisse est assez grande mais il n’y pas grand monde. A vrai dire, il n’y a personne. Juste le gardien et un des amis à qui on explique en anglais (lui il comprend) que l’on reste la nuit, que l’on veut manger ce soir et avoir un p’tit déjeuner demain matin. Son ami lui traduit et il me fait signe ok de la main !

Après une visite des lieux, le refuge est vraiment balèze ! Mais toujours que nous alors que l’heure de l’apéro approche… On prend nos quartier, douche et on descend au bar restaurant. Le gardien est allongé sur l’un des divans, sous un plaid miteux en regardant un téléfilm slovène… Une ambiance particulière…

Personne. Nous 3, seulement. J’arrive à lui commander 2 bières « Dva piva » et on se met en terrasse face au soleil couchant… On aimerait bien un p’tit truc à grignoter avec ça ! Un saucisson par exemple… Je tente ma chance et je lutte comme jamais pour me faire comprendre ! Il parle que anglais et allemand. J’ai fait espagnol LV2…

« Schnitzel ?!! » Dit-il en faisant semblant de se couper le doigt. La scène est improbable. Ça nous as fait le séjour ! « SSSScchniittzeeellll !!! » Et encore, ce n’est pas fini…

On prendrait bien une 2e bière et on mangerait bien aussi ! Le type n’est pas venu nous demander quoique ce soit alors que l’heure du diner approche…Géraldine part en mission. Elle revient saoulée comme jamais ! Je la vois rarement comme ça ! Impossible de communiquer avec le gardien, il ne fait aucun effort et de surcroit il a l’air vraiment bizarre ! En tout cas, ce sont tous ces signes, l’ambiance, le refuge vide… Les scénarios se mettent vite en place… Bref, je dois passer par Google translate pour essayer de se faire comprendre et encore c’est un merdier sans nom ! A la fin, je comprends qu’il lui faut 30 min pour faire qqch, il était temps !

Au final, il nous sert des concombres à la crème poivrée de son jardin, très bon et des escalopes de porc avec une plâtrée de gnocchi baignant dans le beurre. Un délice !

A la fin du repas, on se dit que l’on va petit-déjeuner ici vu la galère que ça été. Géraldine me laisse avec l’hurluberlu pour régler la facture. Puis au moment de monter, le type me dit en pointant l’étage au-dessus de lui :

« -Zex ?? »

Quoi ?? Qu’est-ce qu’il me dit le papy pervers ? Tout ce qui a précédé a conduit à cette interprétation, le gars me demande si on va faire du sexe maintenant ? Il est fou ou quoi ? Je balbutie un « No no, too tired… » On en rigole encore ! Puis le type insiste « Zex ? » en faisant 6 avec ses doigts.

Hein ? 6 ? Ahhhhhh 6h ?? Zex, pour 6h du matin !!! Le gars demandait à quelle heure on allait se lever… Cette blague ! Ce malentendu !

Je remonte rejoindre Géraldine et je bloque quand même la porte, un excès de paranoïa ?

Jour 9 : Marco

Nous partons à 6h30 sans recroiser le gardien qui nous as complètement ignoré… Etrange comme type !

On rebrousse chemin, car oui, en fait on a fait 2km en plus hier pour venir au refuge et l’on doit refaire ces 2 km pour rejoindre la trace à traves pistes forestières plutôt plaisantes.

On enchaine ensuite avec une ascension de 1000m de D+ jusqu’au sommet du Mont Porezen (1630m) où on subit une p’tite averse. La vue est sublime, le paysage devient vraiment montagneux ! Sur le chemin, nous avons croisé Sacha qui avance à son rythme puis qui nous double dans la montée alors que l’on prend le temps de faire quelques clichés.

On s’arrête manger au refuge situé juste en dessous du sommet et on s’octroie un dessert et un café jus de chaussette ! On se n’attarde pas trop car il y a encore pas mal de chemin pour la fin d’étape, une longue descente et le ciel commence vraiment à être menaçant. On rattrape Sacha dans la descente et l’on fait quelques photos, s’échange les mails puis l’on repart. L’orage gronde alors que l’on est sous les arbres mais il cesse lorsque l’on atteint la vallée à Petrovo Brdo. On se réfugie dans un bar à motard où l’on se délecte d’un chocolat chaud. Que faire maintenant ? L’étape suivante, c’est 5h de montée, le refuge ici est plutôt cher, 10€ sans douche pour mettre la tente au bord de la route, ou 20€ la chambre, ce n’est pas l’objectif !

On décide d’essayer de trouver un spot dans la vallée. Géraldine part en éclaireur et repère un coin pas trop mal ! Je pars à mon tour en chercher un et à mon retour au bar, je passe à travers la cour d’une ferme où 1 homme m’interpelle. C’est Marco, il me propose de camper chez lui ! Et bien soit, parfait ! On se pose entre deux arbres pénard, un robinet d’eau à portée de main…

Jour 10 : Sur les crêtes

Levé 5h15, départ vers 6h30, 7h pour 10 km et 1000m de D+. On rattrape à nouveau Sacha, partie plus tôt, elle a dormi au bar à motard. On monte ensemble sur la trace qui donne sur le mont Porezen que l’on a gravi la veille. Le sentier en balcon serpente en courbes de niveau jusqu’au sommet du Crni Prst et de son refuge style communiste. On s’y arrête pour manger et nos routes se séparent avec Sacha qui préfère rester ici pour le reste de la journée.

Nous, nous repartons pour 5h de crêtes et 300m de D+. Cette partie est vraiment sympa, le sentier parfois engagé avec des parties câblées, zigzaguant de part et d’autre de la crête. Au loin, sur notre droite, le Triglav trône et en bas le célèbre lac de Bohinj.

L’orage nous rattrape et on se prend une averse de pluie suivi de grêlons. On est rincé bien qu’elle fût de courte durée !

Le ciel gronde toujours, nous sommes sur les crêtes. Il y a de supers spots mais c’est tout de même assez exposé pour planter la tente. On opte pour rallier le refuge et se mettre en sécurité sauf qu’il faut faire un détour de 2 km en descente… Finalement, on tombe sur une belle cuvette réduisant les risques d’être pris pour un paratonnerre. On monte la tente en vitesse sous la pluie. Finalement, l’orage ne dure pas et cesse. Le soleil revient même en fin de journée permettant de faire sécher un peu nos affaires ! 20h on se couche…

Jour 11 : Le monde merveilleux des lacs

Levé 5h45. Il fait bien frais dans notre cuvette… Plutôt logique, l’air froid s’accumule toujours dans les parties basses en raison de sa densité plus importante. Le ciel est limpide toutefois et on reprend la trace qui serpente en courbes de niveau pendant 3h. Le panorama est splendide et l’on se rapproche de plus en plus du Triglav. Nous sommes enfin dans les Alpes Juliennes !

Le sentier descend ensuite vers la vallée, traversant une végétation dense, complètement fleuries et de plantes. Cette zone est assez magique et humide !

Nous arrivons au refuge de Dom na Kommni vers 11h où l’on prend une bonne pause de 2h au soleil. Inconvénient, pas d’eau à disposition ! Obligé d’acheter de l’eau en bouteille pour nous ravitailler… Et vlà le prix de la bouteille, 4,4€ ! Du vol…

On repart ensuite, selon le topoguide, vers le monde merveilleux des lacs ! On s’imagine déambulant sur un sentier longeant berges et lac alpins.

Pas un seul lac. On commence à être un peu juste en eau, seulement 1,5 d’eau gazeuse. On a un peu sous-estimé cette partie et nous devons nous restreindre en eau ce qui nous fatigue un peu plus.

Au bout de 2h30, on atteint finalement un beau lac bleu turquoise (Dvojno Jezero) et un refuge bondé. On s’y arrête pour quelques bières et une saucisse tout en réfléchissant à la suite.

Bivouac ce soir ? Sauf que les gardes rôdent apparemment et ne tolère pas vraiment cela… L’idée de demain est de rallier le refuge suivant à 3h30, d’y laisser les sacs à dos, de faire l’ascension du Triglav et de rester au refuge le reste de la journée et la nuit.

Le refuge est plein de toute manière. On décolle afin de trouver un spot de bivouac. Il s’avère que c’est la grosse galère. On progresse dans un chaos rocailleux, cône d’éboulis où il n’y a rien de plat à part quelques lapiaz où je déniche pleins de fossiles d’ammonites ! Superbes ! Finalement, on trouve un coin d’herbe moins bosselé que les autres pour y passer la nuit… Ambiance superbe quand le soleil rosit les montagnes devant nous, pas un bruit…

Jour 12 : Le Triglav

Nous partons aux aurores afin de ne pas nous faire déloger par les gardes. Le paysage devient plus minéral, plus escarpé. Le temps est superbe. Que du bonheur de parcourir ces montagnes alors qu’il n’y a personne aux alentours…

Au loin, nos oreilles sont attirées par des éboulements de pierres causés par chamois qui court à travers les pierriers ! Un autre bruit nous attire. Un cri vraiment pas sympa ! Une sorte de cri de dinosaure ! Qu’est-ce que c’est que cette bestiole !? On ne voit rien ! Ah si, ça bouge là ! Un oiseau ? Ah oui, un oiseau, un tétra exactement ! Leurs plumes grises se confondent avec la roche ! On était loin d’imaginer un cri pareil pour un oiseau… Quoique, quand on sait que ce sont les dignes représentant des anciens sauriens…

Le refuge est en vue ! Perché au bord du précipice et au pied du Triglav ! On en profite pour prendre un petit déjeuner à l’anglaise, beans, eggs and bacon !

Mauvaise nouvelle, le refuge est plein pour cette nuit. Nous sommes obligés de redescendre dans la vallée ce qui nous rallonge fortement l’étape ! On verra tout à l’heure. Maintenant, c’est parti pour l’ascension du point culminant du pays : Le Triglav. On laisse nos sacs au refuge, on garde les bâtons et on s’élance dans un premier temps sur un chemin muletier puis à travers de petits vallons pour arriver enfin au pied du sommet. Cette partie est beaucoup plus aérienne et l’on se pose des questions quand on croise des gens équipés de casques et baudriers… Merde, j’espère que ça passe ! On nous a rien dit au refuge !?

Excès de prudence de certains, car au final, le passage est engagé mais pas infaisable sans casque et baudars. Quelques passages câblés et échelles vraiment ludiques et nous voilà arrivé au sommet, bondé !

Le panorama est vertigineux, on domine toute la Slovénie, du haut de ses 2864m, le Triglav est facile d’accès au vu du nombre de touriste. On profite de la vue, photos et dégustation de la liqueur de myrtilles que nos hôtes nous avaient donné quand on avait squatté leur jardin, un délice.

On tamponne notre carnet, prouvant notre passage au sommet et c’est la redescente au refuge puis à nouveau 1200 m de D- avec les sacs pour rejoindre la vallée. Une fois en bas, nous longeons la Zadnjica sur une piste où se succèdent les spots de bivouac malheureusement trop en vue… Nous arrivons à Trenta, petit village où l’on tente de trouver refuge chez l’habitant qui nous refuse systématiquement. On se pose finalement dans un bois à l’abri des regards à la confluence entre la Zadnjica et la Soca que l’on remontra demain.

Jour 13 : Podkoren, fin du trek

Toujours réveillé aux aurores, on a été bercé par le doux bruit du torrent de la Soca. Sous un ciel gris, on remballe nos affaires et on entame la lente remontée du cours d’eau que l’on enjambe de temps en temps. Cette ascension forestière nous conduit au plus haut col routier de la Slovénie : Vrsic à 1738m. Juste avant, nous avions traversé un bois de conifère où régnait un silence inquiétant. Pas un oiseau, pas un insecte rien. Comme si la nature s’était tût. Ce silence avait été troublé toutefois par le bruit d’un hélicoptère qui passa plusieurs fois au-dessus de nous…

Au niveau du col il règne une certaine agitation, plein de touristes et surtout un troupeau de chèvres qui bloque complètement le passage. Et soudain, le fameux hélicoptère qui revient et atterrit à quelques mètres de nous dans un vacarme assourdissant ! Impressionnant ! Le propriétaire de la cahute de souvenirs a remballé comme il pouvait ses cartes postales et ses bibelots qui ont pris un bon coup de vent !

On quitte l’agitation des lieux pour continuer notre ascension. On a appris que l’hélicoptère était là pour secourir des randonneurs coincés en montagne suite à un éboulement…

On passe le col et on se dirige vers la vallée par un sentier assez escarpé par endroit puis on débouche dans la vallée de Kranjska Góra. On fait un stop au refuge coincé au fond de la combe face à un superbe panorama. On repart ensuite sur une piste qui descend en pente douce jusqu’à la vallée de Podkoren où l’on retrouve avec soulagement notre voiture qui n’a pas bougé pas d’un poil !

Epilogue

Une fois les affaires rangées dans la voiture, on a pris la direction du lac de Bled où nous nous sommes posés quelques jours afin de profiter des lieux. La pluie nous a délogé 1 jour avant la fin de nos vacances et nous avons préféré rentrer directement sur Dunkerque.

Ce fût un beau voyage, organisé rapidement et qui se révéla vraiment sympa. La 1ère partie de la Via Alpina n’est pas la plus intéressante certes, il y a beaucoup à faire dans les Alpes Juliennes que ce soit à pied ou à vélo car la Slovénie apparaît bien équipée !

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