Dicton du matin de la part de Géraldine vis-à-vis du PQ: « Aujourd’hui, c’est fini ! Demain, on se retient ! ». Vous l’aurez compris on est en rade de lingette. On espère en récupérer dans notre prochain colis, s’il arrive un jour… Toujours pas de réseau….
Le ciel est de nouveau chargé de nuage mais il ne semble pas y avoir de pluie. En tout cas pas sur nous ce matin car au loin, des trombes d’eau s’abattent sur les vallées qui bordent l’Askja. Entre les contreforts de l’Askja et nous, il y a 15km de Wild à traverser. 15km de coulée de lave acérée…
On amorce la descente au milieu d’une coulée plutôt facile à traverser. La lave est compacte et récente, du coup elle se tient et il subsiste de longues dalles qui nous permettent de bien progresser en ligne droite.
Puis nous atteignons des coulées complètement différentes, complètement détériorées, un amas de scories et de pierre ponces, bref un vrai merdier… L’allure en prend un coup. Il faut sans cesse slalomer entre les amas de pierre, et les dalles qui s’hérissent çà et là. Cela ressemble à la version continentale du pack sur les banquises morcelées.
Nous sortons enfin de ces coulées pour un mix de pierrier, de sable et de coulées de lave à proximité de Fjallsendi, des formations rocheuses pour traverser le Myvatnsöraefi. On traverse la F910 qui sort de nulle part et l’on s’arrête manger à proximité d’un rocher pour nous mettre à l’abri car la pluie a repris. Nous réitérons notre abri de fortune et c’est plutôt pas mal ! On mange quasiment au sec !
C’est reparti, il nous reste 5km de Wild avant de récupérer la piste qui nous conduira à travers Dyngjufjalladalur et le refuge non gardé de Dyngjufell.
Nous atteignons enfin la piste et avec une éclaircie. Le soleil tape tout de suite très fort et l’on en profite pour faire sécher deux trois affaires. Mais cela reste de courte durée, la pluie revient aussi vite qu’elle est partie…
Il nous reste 10km avant le refuge. 10 km de piste. C’est long… Très long ! On commence à fatiguer ! On a déjà 20km dans les pattes, ce sera notre plus grosse étape.
Tout à coup, un quad nous double à fond et pars en direction du refuge ! On croise les doigts pour qu’il poursuive sa route vers le Nord. On a envie d’être pénard et d’avoir le refuge rien que pour nous !! Tout en marchant on analyse les traces de pas que l’on peut croiser et l’on en déduit qu’ils vont dans la direction opposée, c’est plutôt bon signe !
La piste tape sous les pieds et on a envie d’arriver ! Nous revivons l’espace d’un instant le sentiment que l’on avait eu en approchant du refuge de Glencoul sur le Cape Wrath Trail en Ecosse…
La pluie cesse et au détour d’un virage, on aperçoit enfin le refuge. Petite cabane blanche sortie de nulle part, perdue au milieu de ce chaos de rocher et de sable.
Est-il ouvert ? Y-a-t-il du monde ? Est-ce qu’il reste de la place ? On croise les doigts !!
Ouvert, personnes et plein de place ! Du gaz, du PQ, des toilettes, bref un paradis sur Terre. Dormir sous un toit quand cela fait 8 jours que l’on dort dehors, cela fait vraiment du bien… Un plaisir immense ! Et dire que certains vivent dehors à longueur de temps, cela peut faire réfléchir…
Le refuge n’a pas changé depuis ma 1ère intrusion il y a 4 ans. Une entrée où l’on fait sécher les fringues, un réchaud avec du gaz, puis une pièce de 15m² environ avec une table centrale et de la place pour y faire dormir 16 personnes. Très cosy, on se sent bien…
Je prends ma douche quotidienne dans le ruisseau glacé qui coule en contrebas puis on boit des litres d’infusion bien chaude, d’une part parce que l’on a de l’eau à volonté et d’autre part pour hydrater Géraldine qui a le tendon d’Achille qui la fait toujours souffrir surtout après les coulées de lave désordonnées.
Cela fait 2 jours que l’on a du terrain difficile et un climat pas vraiment favorable mais on a le moral et malgré tout, on profite pleinement ! Les distances sont adéquates et l’on s’adapte rapidement et facilement aux éventuels changements de programme. Espérons que cela continue comme ça !
Minuit et demi. Je me réveille. J’entends du bruit à l’extérieur. La porte de l’entrée du refuge s’ouvre. Pas le temps de s’inquiéter, je me lève, prends ma frontale et ouvre la porte. Je tombe nez à nez avec un énergumène en train de s’affairer autour de son vélo. Le type vient d’arriver en plein nuit, il fait un temps de chien à l’extérieur. Anglophone, je lui dis qu’il y a de la place et très sympa, il mange dans l’entrée, et non dans le refuge afin de ne pas nous gêner. Je retourne me coucher, hâte que notre invité mystère nous raconte son aventure !