Les piquets ont tenu mais le vent a soufflé toute la nuit nous empêchant de dormir correctement. On a eu moins froid mais ce n’était pas une nuit terrible… Nous nous réveillons vers 5h du matin, tout est silencieux, le vent est tombé et aucun bruit ne nous parvient de l’extérieur. La température a vraisemblablement chutée car tout est gelée autour du nous ! Il n’y a plus aucun ruissellement, plus rien ! C’est parfait, cela veut dire que les bédières vont être moins importantes ce matin.
Nous plions bagages et nous partons pour les 12 derniers kilomètres de glace dans le froid sec islandais. Comme attendu, toutes les bédières sont quasiment gelées, certaines doivent être vraiment impressionnantes en fin de journée. Marcher le matin très tôt, c’est la clé de la réussite pour la traversée du glacier ! En revanche, nous nous entendons plus l’eau tomber avec fracas dans les moulins, nous devons donc rester attentif pour ne tomber dedans mais ce n’est pas si compliqué que ça.
La lumière ce matin est superbe, le Snaefell se dresse fièrement devant nous et le lac Hàslon situé au pied du Bruarjökull apparait cristallin et limpide.
Crac Crac Crac
Le Lac Hàslon
Préparation avant de partir
Nos repères pour se guider sur le glacier
Tas de Cendres
Merveilles de la nature
Sur la terre ferme !
Les 4 premiers kilomètres passent plutôt bien mais on a les jambes qui tirent surtout que les crampons ont cassé la veille au bout de 5 km. On les a rafistolé mais on sent qu’on arrive à la fin de leur vie. C’est vraiment pas adapté à la marche sur glace par conséquent on doit sans cesse compenser les petites glissades, cela met à rude épreuves nos articulations.
Le cap que l’on suit nous a fait un peu trop redescendre vers la zone dite très crevassée, on doit remonter un peu puis enfin nous apercevons le bord du glacier. Dernière ligne droite et l’on pose le pied sur le plancher des vaches. Quel soulagement ! Quel bonheur d’avoir réussi notre projet, d’avoir traversé 60km de glace au milieu de nulle part ! Le plaisir, le dépaysement, le fait de s’en être sorti sain et sauf, l’isolement, tout ça combiné nous procurent des émotions difficiles à décrire. On a triomphé du Bruarjökull !
La sortie du glacier sur la gauche
Direction le Snaefell
Alors que l’on enlève nos baudriers, nos crampons enfin ce qu’il en reste, mes yeux se posent sur l’Eyabakajökull, et je me dis que vu d’ici, ça l’air de passer à l’aise. Mais on ne vas pas changer nos plans, les rangers ont dit à Jeff que c’était impraticable, on n’y va pas. Mais dans mon esprits, je me dis que les rangers ont joué la carte de la prudence et n’ont pas laissé un homme seul partir sur un glacier car ceux de Drekki ne nous ont pas interdit l’accès du fait d’être deux et équipé. Bref, on ne le saura jamais.
L’objectif maintenant est de rallier le refuge situé au pied du Snaefell. Nous empruntons la piste 4×4 qui amenait au glacier et l’on s’arrête manger après une courte côte. Alors que l’on est en train de manger dans la tente pour être à l’abri du vent, on voit un bus et une moto qui passe sur la piste. On retrouve la civilisation un court instant.
On suit la piste F909 pendant un ptit moment puis après avoir dépassé le Bjàlfafell, nous nous engageons dans une petite vallée marquée par une saignée verte fluo trahissant la présence d’un cours d’eau. Nous montons un raidillon et nous décidons de poser la tente entre ces deux montagnes, face au Snaefell, sur une plateforme à l’abri d’éventuels éboulements.
Il est 16h, nous sommes dans la tente, bien au chaud. Séance lavage à la lingette, on mange, on grignote, on bouquine, on rigole, on se remémore les instants sur le glacier. Puis vers 20h, extinction des feux.